Publié par The Overblowers

Je connais Roger depuis quelques années via le forum Diato. Quand j'ai vu qu'il fabriquait dorénavant des micros en bois, je lui ai proposé une fenêtre perso sur le blog TheOverblowers, l'histoire de partager l'espace, et d'encourager à mon petit niveau le Made in France.

Je lui laisse vous présenter son travail.

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Musicien amateur, je suis à la recherche de la meilleure sonorité. C’est une quête sans fin, une sorte
de recherche du Graal, sitôt un progrès engrangé il y a toujours une marche de plus à gravir.

Pour l’harmoniciste de blues que je suis, la recherche du microphone idéal est une étape
incontournable.
J’ai depuis longtemps récupéré des cellules de téléphone pour les mettre dans de vieilles lampes de poche.
J’ai cherché aussi comment obtenir un son « vintage » avec des éléments modernes quitte à les modifier.
Les cellules anciennes, si elles donnent ce son « Blues Chicago » nativement, ont de nombreux désavantages :
• leur qualité est aléatoire
• leur diamètre est important ce qui oblige à des micros volumineux comme les Shure Green Bullet ou les Astatic JT30
• elles sont de plus en plus rares et donc de plus en plus onéreuses.


Il y a quelques mois j’ai récupéré un tour à bois et c’est logiquement que je me suis mis à tourner une boite pour y mettre une de mes cellules.
Le premier morceau de bois cobaye calait une porte dans mon garage depuis des années et trois semaines plus tard le premier son sortait de ce bout de bois transformé en micro. Puis j’en ai fabriqué un deuxième avec un design assez différent pou voir.
L’idée de base était de concevoir un micro de diamètre « moyen », plus gros qu’un SM57 que je trouve trop petit, déséquilibré et fatiguant à tenir longtemps et plus petit qu’un Green Bullet car si j’ai de grandes mains, il sont beaucoup trop gros pour nombre de mes amis.
Le résultat fût étonnant, un son plus rond et plus chaud que mon Astatic JT30 et sa cellule crystal, mais tout aussi puissant. Autre avantage, le poids, ils pèsent en moyenne 100 grammes, à comparer avec un Green Bullet qui en pèse 350.


J’ai équipé les micros d’un potentiomètre de volume et d’un connecteur Switchcraft à vis. J’ai également monté des câbles adaptés à ce connecteur. J’ai aussi un adaptateur jack qui est très pratique pour utiliser un système sans fil pour guitare électrique.
Testés pendant les répétitions avec mon groupe et fait essayé à des amis harmonicistes amateurs, l’opinion fut unanimement positive. Il me fallait passer à l’étape supérieure : les faire essayer à un bluesman professionnel : Teddy Costa, qui est un voisin et aussi mon professeur d’harmonica.


Je me suis pointé chez Teddy avec mes deux micros comme un gamin tremblant qui allait se faire taper sur les doigts pour ses conneries.
Il branche le premier micro sur ampli Gibson hors d’âge et commence à jouer. Cela sonnait d’enfer, un pro qui joue comme ça sans effet, c’est quelque chose. Il essaye le deuxième micro, puis compare avec son micro habituel, puis reprend un micro en bois. Au bout d’un moment j’ose une timide question … Alors ? Et Teddy, me répond, c’est génial, j’en veux un.
Inutile de dire que ce jour est marqué d’une croix blanche et que cette reconnaissance a été le point de départ d’une aventure très sympathique.


J’ai recommencé à tourner d’autres micros et à y intégrer mes cellules. Le bouche à oreille commençant à fonctionner j’ai commencé à en vendre.
J’ai enfin mis en place une boutique sur le web, pour proposer mes créations. En faisant un peu de promotion sur les groupes FaceBook, un journaliste du journal Sud Ouest a souhaité venir me voir, j’ai eu droit à un bel article dans le quotidien et à une vidéo tout aussi superbe sur leur site web.
https://rogersmics.com/blog/on-parle-de-rogers-mics-dans-sud-ouest/
Depuis les contacts se multiplient et aussi un autre article dans Action Jazz. https://actionjazz.fr/desmicros-
en-bois-pour-harmonicas/


Il m’est souvent demandé si l’essence du bois a une influence sur le son. Personnellement je n’ai pas assez d’oreille pour le dire de façon objective. Peut être que les bois plus durs comme le chêne et le noyer ont un son plus sec que les bois plus tendres comme le hêtre. Lorsque Teddy Costa a choisi son micro parmi les cinq que je lui ai présenté, il n’a pas pris le plus beau mais celui qu’il a préféré sur le plan sonore, mais son oreille est infiniment plus développée que la mienne.
J’ai pris le parti de ne pas acheter de bois exotique, je ne veux pas participer à ce marché de destruction des forêts tropicales et à leur transport inutile sur la moitié de la planète.
J’utilise essentiellement de vieux meubles que je recycle. Double avantage, ils ont passé les quarante dernières années à l’intérieur, leur bois est donc très sec et cela donne une deuxième vie à des éléments dont personne ne veux plus.
Si - par contre - au hasard de récupérations, je découvre un morceau de bois exotique alors oui, je l’intègre dans mes créations, mais cela n’aggrave pas la situation.
L’aventure est belle et plaisante, le but n’est pas de faire fortune avec ça, mais la richesse des rencontres et l’enthousiasme que provoquent mes micros n’ont pas de prix.


Le site de présentation des micros et la boutique sont ici : https://rogersmics.com

 

Extrait audio avec un des micros :

Roger Frebault - micros bois tournés à la main
Roger Frebault - micros bois tournés à la main
Roger Frebault - micros bois tournés à la main
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